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Communes et particuliers |
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Un
article pro-Linky
(et anti-journalisme)
dans Le Monde
Au fur et
à mesure que se démultiplie en France la résistance citoyenne contre le
programme autoritaire d'installation de compteurs communicants Linky, les prétendues « élites » rivalisent d'arguments
malhonnêtes et méprisants pour tenter (vainement) de faire cesser cette
fronde populaire.
C'est
assurément dans le cadre de cette contre-attaque anti-sociale
qu'il faut classer l'article
publié le 23 décembre par le journal Le
Monde dont on espère qu'il saura bientôt se reprendre afin de rétablir
quelques vérités… et réhabiliter le journalisme. Car, outre l'étalement de tout
son mépris pour le « bas peuple », le journaliste a aussi porté grand tort à
son métier en multipliant les affirmations factuellement
fausses, en promouvant de faux opposants, en donnant crédit aux affirmations
gratuites de l'industriel Enedis.
La
désinformation commence d'ailleurs dès les premiers mots : « Techniques pour
tromper les installateurs... ». Un peu plus loin, il est à nouveau question
de « piéger les installateurs » mais aussi de « technique de guérilla
» qui seraient utilisées par les habitants. Ainsi, selon l'auteur, ce serait le
bon peuple s'amuserait à « tromper » et à « agresser » les hommes du Linky !
Or la
réalité est incontestablement inverse : les témoignages rapportés partout
en France par la presse locale sont innombrables à illustrer que, pour essayer
par tous les moyens d'imposer les Linky, ce sont bien
ces installateurs qui trompent et
mentent, agitant les menaces de diverses mesures de rétorsions aussi
inventées qu'illégales (coupure du courant, amendes, procès, sommes
mensuelles à payer, etc). Un étudiant en première
année de journalisme comprendrait d'ailleurs, lui, que ce sont bien les
installateurs qui viennent semer le trouble chez les habitants, qui sont donc
bien les victimes, et non l'inverse.
Ces
comportements indécents vont parfois bien au-delà du mensonge puisqu'il s'agit
aussi d’exactions : menaces,
intimidations, insultes, voire coups et bousculades. C'est en
particulier le cas face aux personnes âgées, surtout celles qui sont isolées :
la glaçante vérité est que dans toute la France, sans que l'auteur ne daigne en
parler, nos anciens sont terrorisés par des milices de voyous agissant au
nom du distributeur Enedis, entreprise censée
représenter le Service public.
D'autre
part, pour soutenir sa thèse, le journaliste use aussi des mêmes ficelles
grossières que les promoteurs du Linky : en premier
lieu évacuer le plus vite possible les nombreux problèmes causés par le Linky pour centrer la discussion sur la question des
ondes - qui est certes importante mais est très loin d'être la seule en jeu -
tout en reprenant mot pour mot l'argumentaire d'Enedis
: « A ce jour, aucune étude officielle n'a permis de constater des dangers
pour la santé ».
Or, il est
tout aussi vrai qu'aucune étude n'a pu prouver l'inverse, qu'il est
impossible de mesurer aujourd'hui les effets futurs d'une technologie prévue
pour monter en puissance (le système Linky étant
déjà en train de passer du CPLG1 eu CPLG3, en attendant la suite), et que tout
risque potentiel est facilement écarté… en conservant les compteurs
ordinaires.
On note
d'ailleurs une absence totale de prise en compte, dans cet article du
journaliste du Monde comme d'ailleurs dans
les propos de Nicolas Hulot, du caractère parfaitement anti-écologique de la
destruction de 35 millions de compteurs ordinaires en parfait été de marche,
et leur remplacement programmé par des Linky à la
durée de vie beaucoup plus courte. Le journaliste évoque seulement la
subite conversion du ministre au Linky sans la
questionner, ne serait-ce que du point de vue écologique puisque cette
gigantesque "obsolescence délibérée" a des conséquences en
particulier sur les émissions de co2, que l'ex-animateur de télé prétend
pourtant combattre.
Autre
alignement sur la propagande de l'industriel, l'article écarte d'un revers
de main méprisant la controverse sur les données personnelles, sous
prétexte que ces dernières « ne pourront pas être utilisées sans l'accord
explicite de l'usager ». Or, une fois les Linky
installés, il faudra dix secondes pour décréter que, finalement, les données
seront utilisables sans restriction à des fins commerciales et/ou policières.
Cet
étrange « journaliste » fait par ailleurs preuve d'imagination en trouvant
différentes façons de nuire au mouvement de protestation et de tenter de
le dénaturer :
-
mettre en scène de faux opposants comme l’association UFC-QueChoisir (dont nous avons montré qu'elle était accoquinée
à Enedis, accusation confirmée de façon cinglante par
le jugement prononcé le 22 décembre au Tribunal de grande instance de Paris) et
comme Greenpeace qui, pourtant, n'a officiellement pas pris position sur la
question.
-
agiter un pseudo opposant qui vendrait des autocollants à même de «
neutraliser les effets du Linky » : quand bien même
ce zozo existerait, il ne représente pas plus le mouvement anti-Linky que, bien heureusement, l'auteur ne représente les
journalistes ou même la seule rédaction du Monde.
-
mettre en exergue une sociologue spécialisée dans les lieux communs
puisqu'elle entonne ce refrain bien connu : « Tous les projets scientifiques
et techniques suscitent des appréhensions ». Ainsi, les opposants seraient
de pauvres gens terrorisés par la nouveauté et incapables de comprendre les
vertus du « Progrès ». Or, bien au contraire, le refus du Linky est l'aboutissement lucide et rationnel d'un travail
citoyen de recherche d'informations et de réflexion collective. Avis aux
pro-Linky : tout
nouvel appareil n'est pas nécessairement utile ou bénéfique, même lorsqu'il est
peint en vert fluo.
-
mentir sur le nombre de communes engagées contre Linky
(plus de 460 et non 300) et sur l'efficacité des délibérations et arrêtés
municipaux qui, selon l'auteur, « n'empêchent pas la pose des Linky ». Or l'inverse est démontré sur le terrain
par des maires qui n'ont pas peur d'aller au devant des installateurs pour les
renvoyer, comme à Chauconin-Neufmontiers,
Yerres ou Betz-le-Château : d'excellents exemples que
les autres maires peuvent suivre plutôt que de se laisser tromper par ce
mauvais article.
-
évacuer au plus vite les graves déconvenues rencontrées par les usagers « linkysés » : incendies, dysfonctionnements divers, surfacturations,
captations d'innombrables données sur la vie privée. On note d'ailleurs que
dans un bel ensemble, le journaliste et la sociologue prétendent que le
mouvement « a recours à ces arguments » ou « se nourrit de ces
problèmes » comme s'il s'agissait de prétextes alors que ce sont les
raisons mêmes de la fronde.
Enfin, le
journaliste donne sans la moindre justification crédit aux allégations d'Enedis qui prétend que le Linky
permettrait de « moderniser le réseau de distribution » ou de « mieux
contrôler la consommation ». C'est pourtant bien là que le métier de journaliste doit
faire la preuve de son utilité : qui enquêtera vraiment sur
la réalité des prétendues vertus écologiques et économiques des compteurs
communicants ? Il serait grand temps de faire ce travail d'investigation au
lieu de continuer à reproduire mécaniquement ce que prétend l'industriel...
Stéphane Lhomme
Conseiller municipal de
Saint-Macaire (33)
Animateur du site web http://refus.linky.gazpar.free.fr
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